INAUGURATION
Lundi 24 juin 2019
17 H 30
Françoise CLAVERY est née le 12 mai 1951 à Grenoble. Ainée d’une fratrie de quatre enfants, elle perd très tôt sa maman et assume très vite ses responsabilités.
Elle suit une formation en comptabilité et travaille de 1968 à 2006 à la CCMC puis CCMX à Estressin puis Ampuis.
Atteinte d’une maladie génétique (Charcot Marie Tooth), elle connait très bien le monde du handicap. Elle en fait une force pour comprendre et aider les autres, à trouver leur place dans une société pas toujours prête à accepter la différence et leur donne confiance pour se reconstruire par le sport.
Le 29 décembre 1990 elle épouse Gérard Bouysson et s’installe à Saint-Clair du Rhône où elle nous a quittés le 31 décembre 2017.
FRANCOISE CLAVERY-BOUYSSON
Pionnière de l’HANDISPORT en Pays Viennois
CONTEXTE HISTORIQUE ET GEOGRAPHIQUE
En préambule, il est utile de resituer l’action de Françoise Clavery-Bouysson dans un contexte historique et géographique, pour pouvoir en prendre la véritable mesure :
A la fin des années 70, début des années 80, à VIENNE, où la question du handicap restait portée, avant tout, par des associations mobilisant leurs forces sur les thèmes de l’accès aux droits, aux loisirs, et à l’accessibilité des lieux publics pour les personnes en situation de handicap ( Association des Paralysés de France, Avec les Handicapés, Voir Ensemble, Handicap Accessibilité Vienne Roussillon ).
Au sein de la région Rhône-Alpes, où l’accès au sport pour les personnes en situation de handicap avait commencé à prendre vie dans les années 60, au sein d’agglomérations telles que LYON, ST ETIENNE, CHAMBERY, GRENOBLE, villes dotées déjà de certaines infrastructures, sportives notamment, plus ou moins accessibles.
Cette pratique sportive restait cependant encore peu répandue, voire marginale, et n’était pas médiatisée comme elle peut l’être aujourd’hui. Le club de St Etienne, présidé par son fondateur Yves NAYME, connu et reconnu dans la ville et aussi entouré d’une équipe de bénévole très active, avait déjà cependant commencé à faire « bouger les lignes » et à bousculer les représentations, en organisant dès 1966 à St Etienne, des Jeux Internationaux Européens, suivis de Jeux Mondiaux en 1970 réitérés en 1975. Ces Jeux ont suscité un grand intérêt de la part des Stéphanois et ont contribué à sensibiliser le grand public à la pratique sportive des personnes en situation de handicap.
Une histoire tissée entre Vienne et St Etienne
Yves NAYME (représentant aussi l’équivalent du Comité Handisport de la LOIRE de l’époque) a présenté, dans les années qui ont suivi, les films tournés lors de ces Jeux Internationaux, à diverses associations de la région Rhône Alpes, notamment sur Vienne, aux membres du Conseil d’Administration de l’ALH (Avec Les Handicapés), dont Françoise Clavery-Bouysson faisait partie. Ils se sont montrés très intéressés et désireux de s’orienter dans cette voie. Le Club Sportif de l’ALH est né en Avril 1980. Françoise Clavery-Bouysson en a été la présidente fondatrice et la cheville ouvrière pendant 24 ans.
La première section sportive à voir le jour a été la natation avec 5 nageurs. Dans un premier temps, l’obtention d’un créneau horaire n’a été que d’une demi-heure, le lundi soir, dans le petit bassin du stade nautique de St Romain en Gal.
En collaboration avec la Maison des Jeunes et de la Culture de Vienne, la pratique du Tennis de Table a rapidement vu le jour, mais ne s’est pas étoffée par manque de participants.
En 1982, le Club a accédé à sa propre entité (AS HANDIVIENNE), s’est affilié à la Fédération Française HANDISPORT, avec une vocation omnisports.
UN PARCOURS A NE PAS OUBLIER
Ce parcours n’a pas été « un long fleuve tranquille ».
La création et le développement de l’AS Handivienne ne se sont évidemment pas passés sans difficultés. La détermination et la combativité dont Françoise Clavery-Bouysson a fait preuve ont permis de franchir les étapes une à une et cela a nécessité de :
Tisser un réseau de partenariat avec les élus locaux (mairies, communauté d’agglomération) avec l’OMS, le personnel du stade nautique, mais aussi avec les différentes associations sportives locales avec lesquelles une collaboration s’est instaurée peu à peu : le TIR OLYMPIQUE VIENNOIS dès 1981, VOIR ENSEMBLE avec ouverture de la section Cyclisme Tandem en 1986, plus tard VIENNE PLONGEE en 2004, et d’autres encore.
Françoise Clavery-Bouysson a participé, de fait, à de nombreuses réunions, a dû se former à prendre la parole en public, ce qui n’était pas évident, en tant que femme, dans un milieu souvent très masculin. Son équipe l’a bien sûr soutenu pour surmonter les obstacles :
Travailler à réduire ou résoudre les problèmes d’accessibilité des équipements sportifs au stade nautique, jusqu’au fauteuil de mise à l’eau mis en place dès 1987, mais aussi sur les autres sites de pratique sportive.
Rechercher des solutions au transport des licenciés du club non mobiles, avec l’aide active du Kiwanis-Club.
Rechercher des encadrants bénévoles pour permettre aux sections sportives de continuer à se développer ou à s’étoffer et pouvoir répondre aux attentes des licenciés.
Soutenir la formation de son équipe à l’encadrement et encourager les bénévoles à se former à leur tour.
S’aguerrir au montage de multiples dossiers de demande de subventions, d’autorisations administratives, se former à la gestion du mouvement fédéral HANDISPORT.
Rechercher des partenariats financiers
Organiser des rencontres sportives (course cyclisme ou journées natation).
UN CAP ET DES VALEURS
Françoise Clavery-Bouysson a su gardé le cap, ne transigeant pas avec ses valeurs.
En créant l’AS HANDIVIENNE, son projet consistait à offrir un lieu permettant aux personnes ayant un vécu du handicap, d’accéder à une pratique sportive, moyen de reprendre confiance en soi, confiance dans ses potentialités, de se réconcilier avec son corps.
Les témoignages nombreux des adhérents, au fil des années d’existence de l’AS HANDIVIENNE, ont apporté la preuve qu’elle avait atteint son objectif.
Françoise Clavery-Bouysson n’a jamais établi une hiérarchie entre les activités sportives qualifiées « de loisirs » et la pratique en compétition, elle se réjouissait tout autant des progrès réalisés par un ou une athlète débutant que de leurs résultats en championnats ! Bien-sûr, la médaille Paralympique de Rachel Lardière en 2008 à Pékin l’a comblée.
Elle a toujours veillé à ce que son Club soit un lieu de rencontre pour les licenciés et à maintenir une qualité d’échanges entre tous.
Elle s’est efforcée de garder son Club ouvert à une pratique sportive en lien avec le milieu valide, et ceci chaque fois que possible, avec le TIR OLYMPIQUE VIENNOIS, VIENNE PLONGEE, etc.
Au fil de toutes ces années d’existence de l’AS HANDIVIENNE, Françoise Clavery/Bouysson est ainsi parvenue, au travers du Club, à offrir la possibilité aux personnes en situation de handicap qui le désirent, de pratiquer un sport dans l’agglomération, ce qui n’était pas possible auparavant. Les multiples expériences des adhérents témoignent des vertus d’une pratique sportive comme FACTEUR D’INTEGRATION SOCIALE et à ce titre, Françoise Clavery-Bouysson n’a cessé d’œuvrer localement pour la collectivité.
Grâce à son action, c’est aujourd’hui l’ensemble de VIENNE CONDRIEU AGGLOMERATION qui est concernée par l’HANDISPORT et qui lui rend hommage en ce lieu.